La table d'aujourd'hui portait le nom d'Hoseidana (抱清棚、ほうせいだな). En son coeur, une ouverture béante, évoque (et nous l'avions entraperçu dans notre précédent billet du 3 avril 2024) le cheminement d'un cours d'eau.
Et c'est là, peut-être, que réside un petite énigme, une subtile déviation du rituel. Notre professeure suggère que ce filet d'eau symbolique est la raison pour laquelle nous sommes dispensés du geste final : celui de mêler l'eau dans le kama, la bouilloire de fer. Etrange, car d'ordinaire, lorsque la table permet d'exposer les ustensiles (kazaru), ce mélange est de rigueur après l'ajout de l'eau fraîche. Mais avec la hoseidana, non. Le silence du geste répond au murmure de l'eau invisible.
Le réceptable à thé (tcha-iré) du jour était tenu par un suitéki, sorte de théière lilliputiennem avec sa particularité bien à elle : son bec doit impérativement viser le bol (tchawan). On le dépose ainsi dans le creux de la main gauche, lui faisant accomplir sa pirouette par quart de tour successifs, avant de le poser délicatement sur le tatami, alternativement à droite et à gauche du bol. Petits gestes pour chaque objet qui porte une histoire.
Les températures remontent, et la nécessité d'avoir le feu proche de l'invité pour le rechauffer n'est plus nécessaire. Ce sera la dernière pratique avec le Rô, avant de retrouver la pratique au Furô.
La nagaita est non laquée, peut-être en signe du rangement avant l'été.
La table était une Hosei (ほうせいだな). Cette table ne dispose pas d'étagère basse. Les pans latéraux sont arrondis en demi-lune, et le centre du pans arrière possède une ouverture sensée donner l'impression d'un cours d'eau de ruisseau. Le natsume est disposé sur une étagère intermédiaire.
La fleur, boke (ボケ) était disposée dans un vase dit tsurukubi (つるぐび), littéralement le cou du la crue, faisant allusion à son cou allongé.
Le gâteau était en forme de fleur de sakura (桜) dans un plat de wajima (わじま), spécialité de lieu qui lui a donné son nom.
A la fin de la préparation, le hishaku est laissé accroché un morceau du bambou sur le côté gauche de la table, ce qui nécessite un mouvement particulier de la main.
Le futaoki est nécessairement en bambou avec cette table, car n'ayant pas d'étagère basse, le futaoki est posé à même le tatami.
Koraijuku, après le shimai en sogazari
La table était la même que la semaine dernière. La disposition se nomme Koraijuku (le nom est à vérifier). Korai est aussi l'un des quatre principaux types de chawan. Les chawan dits korai datent d'avant l'introduction des wamono par Rikkyu. Ils proviennent de Corée, ce qui laisse à supposer qu'il en va de même pour le type de cette table.
La table est d'un noir d'ébène et laquée. Elle est légèrement surélevée par un montant en bois identique à celui qu'elle porte sur le haut, comme si elle pouvait être posée dans un sens ou dans l'autre. Mais les formes du bois arrondi sur les coins qui se rejoignent en pointe au centre empêchent cette double utilisation imaginaire. En bas, les moulures ne se rejoignent pas, ce qui permet de disposer le mizusashi au centre.
Le chaire était encore de type Oimatsu, et le futaoki était en forme de crabe. À la différence d'une table ronde et plus petite comme précédemment, lors du shimai en sogazari, le hashaku est sur la gauche, et le chawan au milieu.
Le chawan et le mizusashi étaient de type hagi yaki.
La table était noire, les étagères carrées avec un rebord de quelques centimètres. (nom de la table à chercher)
Le chaire était posé au milieu de l'étagère du haut. Il était large, en bois, avec un couvercle plat divisé en deux parties, reliées par deux petits gonds qui permettent de les replier l'une sur l'autre. Il s'appelait Oimatsu (老松), qui signifie "vieux cèdre", et il était laqué selon la technique du tamenuri (溜塗).
À la sortie, il est possible de laisser le hishaku et le futaoki, qui était de forme mitsuninkyo (三つ人形).
ri gazari (りがざり) et so gazari (そがざり)
L'entrée s'est faite avec le natsume posé au centre de l'étagère du haut. Dans ce cas là, pour la sortie il y a au moins deux possibilités nommées ri gazari (りがざり) et so gazari (そがざり).
Dans les deux cas, le hishaku sort légérement du bord de l'étagère, principalement parce qu'elle est trop petite.
En ri gazari, le hishaku est en travers, et le futaoki (nommé gotoku, sur le dessin) est posé sur le côté.
En so gazari, le hishaku est posé droit au centre, avec le chawan sur la gauche et le natsume sur la droite. Quant au futaoki, il est placé sur l'étagère du bas devant le mizusashi.
La disposition en so, semble être plus simple, plus décontractée que les autres dispositions, car le chawan est laissé sur la table après la pratique. Il n'y aura donc pas de présentation des ustensiles.